Pourriez-vous nous rappeler en quelques mots ce qu’est l’ARNU ?
Jean-François Sagaut. Fondée il y a près de 30 ans par Me Jean-Louis Magnan et le professeur Jean Derrupé, avec comme idée de renforcer les liens entre le monde universitaire (professeurs et étudiants) et la profession notariale, cette association se donne pour objectif de faire découvrir le notariat aux professeurs et aux étudiants, mais aussi de contribuer à la formation du corps notarial, de susciter et d’encourager les vocations pour l’enseignement pour les notaires et, enfin, de développer une coopération plus étroite entre ces deux univers, dans le but d’améliorer la pratique professionnelle.
Quelles sont, concrètement, les réalisations de l’ARNU ?
J.-F. Sagaut. Chaque année, l’association organise un colloque à Paris, les Rencontres Notariat-Université – Journée Jean Derruppé. Y sont traités les sujets de droit en rapport avec la pratique notariale. Les travaux font l’objet d’une publication dans la presse juridique spécialisée et sont disponibles sur le site de l’association.
En outre, l’association décerne annuellement trois prix :
le prix Jean-Louis Magnan, tout d’abord, qui récompense par la voie d’un concours national des travaux menés par une équipe d’étudiants inscrits en Master 2 de droit notarial ;
ensuite, le prix de thèse Claude Thibierge, qui couronne un travail consacré à un sujet intéressant le notariat et soutenu par un notaire ou un étudiant en notariat ;
enfin, le prix de thèse ou de mémoire Daniel Heck, destiné aux étudiants étrangers poursuivant des études en France.
Un mot sur le fonctionnement de l'ARNU ?
J.-F. Sagaut. L’association est animée par un bureau regroupé autour du président et composé de notaires en exercice ou honoraires, dont Annie Magnan, ès-qualités de trésorière, qui est aussi l’âme et la mémoire de l’association. J’ai aussi la chance de pouvoir compter sur mon confrère et ami Me Dominique Savouré, notaire à Versailles, qui accomplit un travail considérable pour la mise en œuvre de nos missions.
Scientifiquement, l’ARNU a pour ressource un conseil scientifique présidé par Michel Grimaldi, par ailleurs directeur éditorial de votre Revue. Il est composé d’universitaires, de notaires et de juristes. Son rôle est triple : déterminer l’orientation générale des travaux, élaborer le thème des rencontres annuelles et enfin décerner les prix remis par l’association.
L’ARNU peut aussi s’appuyer sur des ARNU locales en région, qui déploient depuis tant d'années le concept de l'ARNU à un échelon régional, permettant un maillage de proximité. Il m’appartient juste d’être à la fois le garant de l’unité de cette action mais aussi de mettre en valeur autant qu’il m’est possible les initiatives et travaux menés au sein de chacune des ARNU locales.
Des projets à venir pour l’ARNU ?
J.-F. Sagaut. Comme je l’avais annoncé en accédant à la présidence il y a 2 ans, tout d’abord, poursuivre l’adaptation au monde numérique. Nous disposerons prochainement d’un site internet totalement refondu et allons accroître notre présence sur les réseaux sociaux.
L’association axe aussi son développement en direction de la jeunesse. L’université forme nos futurs diplômés, qui seront demain nos collaborateurs, avant de devenir nos confrères. Elle forme aussi les notaires tout au long de leur carrière. L’ARNU doit trouver matière à poursuivre son action par un dialogue nourri avec les professeurs formant nos étudiants et nos confrères, afin d’anticiper ces évolutions prévisibles.
En ces moments où la profession affronte des défis nouveaux issus d’un environnement profondément renouvelé par la volonté des pouvoirs publics, je suis intimement convaincu que la formation et l’accueil des jeunes talents vers la profession sont des enjeux essentiels, et le soutien de l’université est précieux et doit être pérennisé. Aussi les actions directement menées par l’ARNU et les ARNU locales sont primordiales.
Nous avons ainsi apporté récemment notre soutien à la toute jeune Association nationale des étudiants en droit notarial (ADN) qui regroupe les étudiants de la quasi-totalité des Master 2 de droit notarial de France et dont le Defrénois est partenaire fondateur. Notre ADN semble compatible !
Enfin, je suis profondément convaincu que le développement d’actions tournées vers l’international est nécessaire.
Comment voyez-vous cette ouverture à l’international ?
J.-F. Sagaut. Nos amis professeurs ont souvent des liens étroits avec leurs collègues d’université, principalement en Europe. Il pourrait ainsi être créé des synergies pour que, dans le colloque qu’organise l’ARNU, des professeurs étrangers soient invités à intervenir. Pareillement, le notariat a développé des relations privilégiées avec certains confrères d’autres pays. Au plan européen, 22 notariats sont réunis au sein du CNUE. À Paris, il faut aussi savoir que depuis plus de 20 ans, le notariat francilien et celui de 5 autres grandes métropoles européennes collaborent par voie d’échanges sur leurs pratiques à l’effet de les voir converger au sein de l'ANME.
L’idée serait, ici aussi, de mettre en résonnance toutes ces initiatives afin qu’une dimension internationaliste irrigue désormais les travaux menés sous l'égide de l’ARNU. Peut-être aussi que par ce bais, certains étudiants pourraient être invités à suivre des filières diplômantes accomplies pour partie au sein d’un notariat étranger.
En conclusion, quel message souhaitez-vous adresser aux lecteurs du Defrénois ?
J.-F. Sagaut. Qu’ils sont tous invités à adhérer à l’ARNU !
Plus nous serons nombreux, plus ce lien entre la profession et l’université sera pérenne et riche de sens.
(Propos recueillis par Liliane Ricco)
Rédaction Lextenso