Altares a présenté, le 26 octobre dernier, son étude sur les défaillances et sauvegardes d’entreprises relatives au 3e trimestre 2018.
Les tendances par type d’entreprise
Les TPE constituent l’essentiel des défaillances
Alors que 93 % des défaillances concernent les TPE, on observe une diminution plus rapide de la sinistralité pour les PME que pour ces TPE.
Pendant que les défaillances de PME de plus de 10 salariés reculaient de 28 % sur 5 ans, elles ne se rétractaient que de 13 % pour les TPE.
Des sauvegardes au plus bas, des liquidations directes en hausse
212 procédures de sauvegarde ont été enregistrées au cours du 3e trimestre 2018, un nombre au plus bas depuis l’été 2008 (160).
Ce dispositif préventif représente désormais moins de 2 % de l’ensemble des procédures collectives.
Les liquidations directes augmentent de 4,4 % (7 788) et représentent de nouveau plus de 69 % des procédures, comme en 2014.
« Après huit trimestres consécutifs de baisse, la sinistralité des entreprises remonte cet été. Tombée pour la première fois depuis dix ans sous le seuil de 11 000 défaillances au cours du 3e trimestre 2017, elle repasse au-dessus de 11 500 sur le 3e trimestre 2018 (...) », note Thierry Millon, directeur des études Altares.
« Les trois quarts des jugements concernent des micro-entreprises de moins de trois salariés, mais plus d’une trentaine de structures de plus de 100 salariés sont encore passées devant le tribunal ce trimestre, soit une défaillance de grosse PME tous les deux jours ouvrés ».
Les tendances par région
Un trimestre atypique pour La Réunion
Les données trimestrielles ont été fortement perturbées par les chiffres de La Réunion.
Le redressement judiciaire d'une SARL spécialisée dans la commercialisation de produits de défiscalisation dans les DOM TOM a été étendue aux 350 SNC dont elle est responsable solidairement des dettes.
Cette décision technique permet de poursuivre la procédure de redressement judiciaire de la SARL dans le cadre d’une seule procédure étendue aux SNC, sous patrimoines communs.
Dans ces conditions, La Réunion a comptabilisé plus de 500 défaillances d’entreprises cet été, contre 140 un an plus tôt.
Sur les autres DROM, la tendance est plus cohérente.
Sur le seul territoire métropolitain, la hausse est de 3,3 %
Dans le Grand-Est, les chiffres s’affolent là aussi. 949 procédures ont été ouvertes (+ 16 %), le plus mauvais résultat depuis 2014 (1 066). Restauration, boulangerie ou réparation automobile sont les plus exposés.
La Corse présente une sinistralité en plus forte hausse encore (+ 33 %) mais, avec 93 défaillances, l’île retrouve les valeurs relevées habituellement au cours de l’été ; le 3e trimestre 2017, avec 70 défaillances seulement, avait été particulièrement bas.
La Normandie est également en hausse notable (+ 13 %) en comparaison d’un été 2017 qui avait été bas (469). Avec 529 défaillances relevées, la région reste loin des 621 enregistrées sur l’été 2015.
Comme pour sa région voisine, les Hauts-de-France affichent un dérapage sensible (+ 11 %), mais là encore l’été 2017 avait été bon, permettant de ramener le nombre de défaillances à 812. Avec 900 procédures ouvertes ce 3e trimestre, les Hauts-de-France restent à distance de la sinistralité 2015.
5 autres régions accusent une augmentation du nombre de défaillances d’entreprises : Nouvelle-Aquitaine et Centre Val de Loire (+ 8 %), Occitanie et Île-de-France (+ 5 %) et Bretagne (+ 3 %).
Sur le podium PACA, Pays-de-la-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes
En Bourgogne-Franche-Comté les défaillances se stabilisent sous les 430 procédures, un nombre qui reste donc supérieur à celui relevé durant l’été 2016 (407).
Provence-Alpes-Côte-d’Azur enregistre un recul de près de 11 % par rapport à l’été 2017 et revient à un plus bas niveau de défaillances (1 061) depuis 2006 (1 030).
Pays-de-la-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, avec respectivement 497 et 1 248 procédures (- 5 %), obtiennent leur meilleur chiffre depuis l'été 2007.
Altares
Les défaillances par secteur d’activités
La construction avait enregistré un fort recul des défaillances d’entreprises un an plus tôt (- 11 %). Ce 3e trimestre 2018 stoppe le mouvement. La sinistralité remonte de 2,7 % à 2 757 procédures. Tous les corps de métier repassent dans le rouge, particulièrement la construction de maisons individuelles.
Le commerce, deuxième poste de défaillances, stabilise sa sinistralité un peu au-dessus de 2 500 procédures. Si le commerce d’habillement (- 11 %) et le soin de la personne et optique (- 16 %) sont bien orientés, la vente et réparation de véhicules dérape de 6 %.
L’industrie est également sur une tendance stable (+ 1 %) portée par la manufacture (- 12 %), tandis que l’industrie alimentaire évolue très défavorablement (+ 24 %), lestée par les produits de boulangerie-pâtisserie (+ 28 %).
Dans les services aux entreprises, la sinistralité peut sembler exploser avec un rythme de + 30 %. Cependant, il convient de nuancer cette évolution par le jugement d’extension prononcé à La Réunion sur les 350 SNC dont l’activité est rattachée à la location-location bail (v. supra). Corrigée de cette décision exceptionnelle, l’évolution des défaillances d’entreprises dans les services reste défavorable mais limitée à une hausse 4 %. Dans ce secteur, notons la bonne orientation des activités de conseil en communication et gestion (- 23 %) et les difficultés relevées dans la sécurité (+ 19 %).
Dans le transport routier de marchandises, le nombre de défaillances d’entreprises augmente rapidement (+ 17 %), en particulier dans le fret interurbain. La sinistralité des taxis continue de battre des records avec 107 défaillances (+ 45 %) ce 3e trimestre.
Le nombre de procédures collectives augmente sensiblement dans les services à destination du consommateur (+ 9 %), dans la restauration rapide (+ 24 %) ou les débits de boisson (+ 13 %).
La tendance est sévère pour les activités d’enseignement, notamment de la conduite (+ 22 %), et de formation continue d’adultes (+ 42 %).
L’agriculture est mal orientée (+ 8 %) essentiellement dans la culture, qui avec 108 défaillances, enregistre son plus mauvais chiffre depuis 2014.
« En données glissées sur 12 mois, le nombre de défaillances d’entreprises était tombé sous le seuil des 54 000 à partir de mars 2018. Mais en septembre, nous repassons de nouveau au-dessus à la faveur d’un évènement plus technique qu’économique (les procédures réunionnaises). Le dernier trimestre pourrait malgré tout permettre de nous rapprocher des 53 000 comme durant l’été 2008, mais pas de redescendre en dessous (…) », conclut Thierry Millon.
Altares
(Altares, Défaillances et sauvegardes d'entreprises en France, 3e trimestre 2018, 26 oct. 2018)
Rédaction Lextenso