Lors de la rencontre organisée le 9 mars dernier dans les locaux du CSN sur le thème « Perspectives au féminin », l’association Notaires au féminin.com a proposé les regards croisés de femmes politiques (Mmes Michèle Alliot-Marie et Marie-Pierre Rixain), cheffes d’entreprise (Mmes Hélène Bourbouloux, Angélique Gérard et Françoise Savez) et notaires (Mes Nathalie Couzigou-Suhas et Marie-Florence Zampiéro, Alexia Arno et Cécile Guidot).
Me Barbara Thomas-David, notaire à Paris, revient pour nous, en sa qualité de présidente de Notaires au féminin.com, sur les évolutions du notariat.
Depuis votre installation en 2000, quelles évolutions notables avez-vous pu relever ?
Je pense que trois évolutions majeures sont à relever, dont nous pouvons nous féliciter.
En l’an 2000, quand j’ai prêté serment, nous étions 14 % de femmes notaires ; aujourd’hui, en 20 ans, en une génération, nous avons passé le cap des 50 %.
Au 31 décembre 2021, nous étions exactement 55 % des effectifs globaux, avec 45 % de notaires salariées.
Nous sommes convaincues que cette importante féminisation est un véritable atout compétitif pour notre profession dans son ensemble. Nous en serons tous gagnants à la fin, femmes et hommes.
Parallèlement, c’est le nombre global de notaires qui a évolué, avec une forte augmentation depuis la loi Croissance de 2014. Là aussi, il s’agit d’un atout compétitif dont nous devons nous emparer face aux autres professions du droit et du chiffre.
Enfin, nous avons réussi notre transition digitale. Nous sommes la profession du droit la plus en avance sur la digitalisation des process.
Vous soulignez le nombre croissant d’associées femmes. Quel impact ce phénomène a-t-il pour le notariat ?
La première chose qu’il est important de souligner, à mon sens, c’est que cette féminisation a été naturelle, et non les conséquences de l’instauration de quotas particuliers.
Cela nous permet d’affirmer que la mixité n’a pas été, et n’est pas un combat à mener. C’est une belle image pour notre profession tout entière. Les enjeux sont, me semble-t-il, ailleurs et ils sont l’ambition de notre association : la cohésion entre notaires, la promotion de notre profession par le prisme féminin auprès du grand public et, enfin, l’accès au droit pour les femmes.
Face aux évolutions notables de notre profession, que nous évoquions à l’instant, il nous est paru important de tisser de nouveaux liens entres confrères et consœurs afin d’éviter l’isolement, de créer une émulation nouvelle, et développer des réseaux de complémentarité.
Parallèlement, aux yeux du grand public, force est de constater que, malgré les campagnes de promotion successives que nous avons menées, nous souffrons encore d’un déficit d’image. Si par une communication plus féminine nous réussissons à véhiculer une image plus jeune, plus dynamique et plus empathique, l’un de nos paris sera alors gagné.
Enfin, l’indépendance économique des femmes, grande cause du quinquennat de notre Président, est un enjeu majeur. Nous pensons qu’un meilleur accès au droit pour les femmes permettra cette autonomie et nous souhaitons y participer grâce à notre association.
Les notaires, à travers leur mission de service public, prodiguent au quotidien des conseils gratuits auprès de leurs clients.
Notaires au féminin.com est le prolongement logique de cet esprit de conseil.
Quelles évolutions percevez-vous pour les prochaines années ?
Aujourd’hui, les économistes affirment que 30 % des professions qui seront exercées à horizon 2030 n’existent pas encore.
L’enjeu est donc pour notre métier, comme pour tant d’autres, de savoir sans cesse se réinventer sans toutefois perdre son âme, son ADN.
Les grands challenges pour notre profession seront d’étendre nos domaines de compétence, d’être au cœur des enjeux sociaux et sociétaux de notre époque aux cotés de nos clients, de gagner en visibilité et poursuivre notre transition digitale.
Ces défis sont importants, mais nous sommes convaincus que nous saurons les relever, femmes et hommes tous ensemble.
(Propos recueillis par Liliane Ricco)
